Bibliothèque de l’Ezida
Informations essentielles
Location / SiteKalhu |
Ere chronologiqueXe-IVe s. av. J.-C. |
Périodes concernées
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Identifying features
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Contenu
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L’Ezida de Kalhu est le temple dédié au dieu Nabu et à sa parèdre Tashmetum. Le temple est composé de deux espaces distincts dont un, au sud, est réservé au culte des divinités et à la bibliothèque. La salle des tablettes (NT12) est située exactement en face de la cella de Nabu. (pl. A. Emery)
Devant l’entrée principale de l’Ezida se trouvaient deux statues d’hommes-poissons. Il s’agissait de deux divinités protectrices. Elle a fait l’objet de reconstruction et de réaménagement lors des fouilles irakiennes des années 1970 et 1980. La photographie date de la visite des troupes américaines en 2008. Cette partie du temple subit des dégâts importants par l’EI en juin 2016.
Ištaran šum ukin semble avoir exercé à la cour assyrienne au Xe siècle av. J.-C. La famille est surtout connue à partir de 883-859 jusqu’en 787 av. J.-C. : au moins quatre membres de la famille étaient des scribes de la bibliothèque. Ils viennent de la ville de Der et exerçaient à Nimrud les charges d’administrateur du temple ou d’exorciste royal.
Gabbi-ilani-eresh était le conseiller personnel des rois Tukulti-Ninurta II (890-884 av. J.-C.) et Assurnasirpal II (883-859, à Assur puis dans la nouvelle capitale de Nimrud). La mémoire du prestige de ce personnage a été conservée dans la liste des rois synchrones, où les rois tant assyriens que babyloniens, sont associés aux noms de leur lettré personnel. Certains de ses descendants sont connus comme les scribes de tablettes littéraires et savantes dans la bibliothèque de l’Ezida de Kalhu. Nabu-zer-lishir et Adad-shum-usur exerçaient comme leur ancêtre des postes à responsabilité auprès des rois néo-assyriens. Adad-Shum-usur était l’exorciste personnel d’Assarhaddon et Nabu-zer-lishir, son chef des scribes.
L’Ezida, « temple juste » est le temple du dieu des scribes, Nabu et de sa parèdre Tashmetu. Centre culturel assyrien important des IXe – VIIe siècles av. J.-C., il conservait une bibliothèque où de nombreuses tablettes cunéiformes furent retrouvées in situ. (© CIREVE/université de Caen)
Tablette K. 8520 de l’Ezida de Nimrud (British Museum). L’autre moitié de ce texte est conservé au Musée de Bagdad. Il a été édité dans l’ouvrage CTN 4 sous le numéro 229. Les lettrés assyriens devaient apprendre à lire de vieilles inscriptions royales et à les recopier. Elles étaient souvent redécouvertes lors des travaux de rénovation d’un temple. Une écriture archaïsante était souvent employée dans les inscriptions royales. Dans cette tablette le scribe invente des caractères censés représenter l’écriture du quatrième millénaire avant J.-C. (colonne de gauche). Ils les associent à des caractères plus modernes (colonne de droite). On ne sait pas si le document lui permettait de déchiffrer et de traduire des anciennes tablettes ou si il s’agit d’une pure réflexion théorique sur l’évolution de son écriture.
Presentation
L’Ezida de Kalhu est le temple dédié à Nabû et à sa parèdre Tašmetu. Le temple, composé de deux espaces distincts possède une bibliothèque où furent retrouvées environ 300 tablettes cunéiformes datées entre le IXe et le VIIe s. av. J.- C. Une partie du fonds de la bibliothèque fut sans doute déplacé vers Dur-Šarrukin ou Ninive
Eléments identificateurs
Les trois saisons de fouilles archéologiques de Max Mallowan entre 1955 et 1957 ont permis d’identifier la présence d’une bibliothèque dans le temple du dieu des scribes, Nabû à Kalhu. Environ 300 tablettes en argile écrites en cunéiforme ont été découvertes dans la salle NT 12 du temple en face des cellae du dieu Nabû et de la déesse Tašmetu.
Histoire de la bibliothèque
Les tablettes de la bibliothèque du temple de Nabû furent écrites entre le IXe et le VIIe s. av. J.- C. Jusqu’en 707 av. J.-C.Kalhu était la capitale de l’empire néo-assyrien. On déplaça peut-être une partie du fonds de la bibliothèque dans la nouvelle capitale royale de Dur-Šarrukin, construite à partir de 717 av. J.-C., ou à Ninive, élue capitale royale après la mort de Sargon II en 705.
Localisation
Le temple de Nabû se trouvait au sud-est de l’acropole à l’est d’un palais qu’on nomme le « palais brûlé », à côté du palais du gouverneur de la ville et directement à l’ouest d’un mur d’enceinte. A l’entrée du temple se trouvaient deux figures d’hommes-poissons, les divinités protectrices du temple. Après une entrée monumentale, une longue salle (NTS 13) menait à deux cours intérieures. La bibliothèque se trouvait dans la salle NT 12, dans la deuxième cour intérieure dont l’accès n’était autorisé qu’à un personnel spécialisé. La salle de la bibliothèque faisait face aux cellae des divinités du temple : Nabû et sa compagne Tašmetu.
Architecture et aménagements
La plupart des textes ont été découverts dans la salle NT 12 du temple, qui mesurait 32 m². Une large porte se trouvait à l’entrée de la salle, elle permettait d’offrir aux scribes une bonne luminosité pendant qu’ils recopiaient les textes. Un puit fut exhumé au nord de la salle. Il était sans doute utilisé pour maintenir l’humidité des tablettes. L’entrée de la bibliothèque donnait sur la cour intérieure qui menait à la cella du dieu Nabû.
Il est possible que NT 12 n’est pas été la seule salle de réserve. On ne sait pas comment les tablettes étaient rangées dans la bibliothèque. On a retrouvé aucune étagère ou reste de panier. D’autres textes furent exhumés dans les salles NT 10, 11, 13 et 14. Il est difficile de savoir si c’était des bureaux de scribes ou des salles de réserve. En effet les tablettes furent éparpillées après la destruction de la ville en 612 av. J.-C. Les installations postérieures sur le site contribuèrent également à perturber son état d’origine. Des fragments d’écritoire en bois (en savoir plus), recouverts de cire, furent retrouvés dans la salle NT 13. Ils étaient avec les tablettes d’argile un support traditionnel pour les textes littéraires et savants.
Insertion de la bibliothèque dans la société
Les experts des savoirs mésopotamiens utilisaient et entretenaient le fonds de la bibliothèque. Les āšipus, exorcistes-médecins, et les kalû, prêtres-lamentateurs, y avaient accès. Ils étaient tous desservants des dieux du temple. Certains se présentent dans les textes de la bibliothèque comme «apprenti ». Les noms de certains d’entre eux apparaissent également dans la correspondance royale des rois néo-assyriens. Les utilisateurs de la bibliothèque étaient des érudits de cour. Quinze noms de scribes nous sont connus. La plupart appartiennent à deux familles présentes dans l’entourage royal pendant plusieurs générations . En plus de contribuer au culte, les textes de la bibliothèque avaient pour objectif de fournir un attirail savant pour protéger et soigner le roi et sa cour .
Fonctionnement et activités
La bibliothèque permettait de consulter surtout des ouvrages médicaux et magiques. Les ouvrages de la bibliothèque permettaient aux prêtre-lamentateurs et aux exorcistes-médecins d’accomplir le culte des dieux du temple, de soigner les malades ou de protéger l’empire néo-assyrien de l’apparition de présages néfastes. Certains documents sont des textes savants. On peut s’interroger sur leur utilisation pratique par les scribes. Il est possible qu’ils aient servis à la formation des apprentis scribes du temple (en savoir plus) ou qu’ils témoignent du goût personnel de certains lettrés pour des thèmes savants. Peu de textes littéraires furent retrouvés dans la bibliothèque.
Contenu de la bibliothèque
Environ 300 tablettes furent exhumées. La bibliothèque devait contenir à son apogée beaucoup plus de textes. Sur le fonds découvert:
- 30 % sont des textes de divination
- 28% sont des textes magiques et médicaux
- 13% sont des textes lexicaux
- 10% sont des textes religieux
- Les textes littéraires représentent moins de 5% du fonds.
Liens avec d’autres bibliothèques ou centres de savoirs
Il est possible qu’une partie de la bibliothèque ait déménagé dans le temple de Nabû à Dur-Šarrukin à la fin du VIIIe s. av. J.-C. ou dans les bibliothèques royales de Ninive.
Liens externes
Présentation de la bibliothèque de l’Ezida sur le site internet « Nimrud, une capitale d’Assyrie », Ministère de la culture: http://archeologie.culture.fr/nimrud/fr/
Bibliographie
- Mallowan M., 1966, Nimrud and its remains, 2 vol. London, Collins.
- Pedersén O., 1998, Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500–300 B.C., Bethesda, p. 83-86 & p.130-181.
- Young M., 2014, La bibliothèque du temple de Nabû à Kalhu à l’époque néo-assyrienne, mémoire de Master 2, dirigé par Fr. Joannès, Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne.
Notice
Irak du Nord
/ Xe-IVe s. av. J.-C. / Néo-assyrienne