Bibliothèque de Tauromenion

Informations essentielles
Location / Site
Tauromenion
Ere chronologique
IVe s. av.-Ier s. ap. J.-C.
Périodes concernées
  • Hellénistique
Identifying features
  • Inscriptions (dédicaces, catalogues, règlements)
  • Vestiges architecturaux (vestiges matériels)
Contenu
  • Textes historiques
  • Philosophie

Presentation

 

La découverte de notices bibliographiques peintes à Tauromenion, en Sicile, a fourni de précieuses informations sur la vie culturelle de cette cité, patrie de l’historien Timée. Ces documents ont permis d’inférer l’existence d’une bibliothèque active dès le IIe siècle av. J.-C. au plus tard.

Eléments identificateurs

Des fragments d’enduit mural stuqué découverts en 1969 et en 1995 lors de la fouille partielle d’un vaste complexe ont permis de déduire l’existence d’une bibliothèque dans le secteur. Plusieurs d’entre eux portaient des traces de texte peint en rouge, sur un fond de couleur crème. Ils correspondent aux notices bio-bibliographiques de six ou sept auteurs : Callisthène d’Olynthe, le Romain Fabius Pictor, Philistos de Syracuse, Anaximandre de Milet, un auteur éléen et deux autres, dont la notice est trop fragmentaire pour les identifier (en savoir plus).

Histoire de la bibliothèque

L’édifice dans lequel les notices peintes ont été retrouvées a été daté du dernier quart du IIIe s. av. J.-C. D’importants travaux de réfection furent effectués un siècle plus tard, probablement à la suite de destructions pendant la première révolte servile.

Deux datations ont été proposées pour les notices peintes et la bibliothèque :

  • Selon leur premier éditeur, G. Manganaro, les notices dateraient du dernier quart du IIe av. J.-C. La bibliothèque serait ainsi postérieure à la première guerre servile de 137 av. J.-C., dans un contexte pro-romain.
  • Selon H. Blanck, la bibliothèque remonterait plutôt au début du IIe av. J.-C., peu de temps après la fondation du gymnase attestée par une longue inscription éphébique (IG XIV 422). Le mur sur lequel les notices étaient peintes aurait été endommagé lors de la première guerre servile et les stucs auraient alors servi à remblayer la citerne I.

L’édifice est toujours utilisé à l’époque impériale, comme l’atteste une mosaïque du IIe s. ap. J.-C., mais on ne sait pas s’il avait toujours les mêmes fonctions.

Localisation

L’édifice associé à la bibliothèque se trouve environ 150 m au sud du théâtre, sur une pente forte. Au sud, une rue menait à l’agora basse de la ville bordée d’une colonnade monumentale. À l’ouest, une rue pentue reliait le théâtre à la falaise surplombant la mer.

Plusieurs inscriptions importantes furent découvertes ans la pente sous le théâtre au XVIIIe s. Elles enregistraient les comptes de magistrats de Tauromenion ; une liste des gymnasiarques (IG XIV 422) de la cité provient également vraisemblablement du même endroit. Malgré sa pente abrupte, peu propice aux constructions, ce secteur occupait donc une place importante dans la cité.

Architecture et aménagements

La bibliothèque occupait une ou plusieurs salles d’un complexe étagé sur deux terrasses.

La terrasse inférieure était organisée autour d’une cour péristyle, bordée de plusieurs salles au sud, à l’est et à l’ouest. Au nord, se trouvait un mur de soutènement pour une terrasse, 3 m plus haut. On accédait vraisemblablement à cette terrasse supérieure par une rampe, au nord-est du péristyle.

Les notices ont été retrouvées sur la terrasse supérieure, dans une citerne comblée dès l’antiquité (citerne I). Elles étaient vraisemblablement peintes sur le mur de façade des salles au nord de cette terrasse. C’est dans ces salles, notamment la grande salle ouest, proche de la citerne, que les archéologues ont restitué la bibliothèque. Mal conservées, elles étaient peut-être précédées d’un portique.

Insertion de la bibliothèque dans la société

Lors de sa découverte, le complexe a été identifié avec le gymnase de la cité. Ce gymnase est attesté dès le IIIe s. av. J.-C. par plusieurs inscriptions. Sa construction a parfois été associée à l’activité culturelle du roi Hiéron II de Syracuse.

L’identification de l’édifice avec le gymnase a néanmoins été remise en question dans les années 2000, en raison de ses dimensions modestes et de l’absence de piste de course. Ainsi, L. Campagna considère que ces vestiges correspondaient à une grande demeure aristocratique, tandis que F. Ferruti propose d’y reconnaître un complexe éducatif associant bibliothèque et école.

Fonctionnement et activités

En l’absence d’une identification ferme du complexe dans lequel elle se trouvait, la nature de la bibliothèque de Tauromenion reste controversée. Cette incertitude s’étend à l’accès de la bibliothèque, plus ou moins restreint selon la nature du complexe : ouverture à l’ensemble du corps civique dans le cas d’un gymnase public, ou à un cercle limité dans le cas de la demeure d’un riche notable.

Contenu de la bibliothèque

Les notices retrouvées dans la citerne I nous donnent une indication sur le contenu probable de la bibliothèque.

Il ne s’agissait pas d’un simple catalogue des œuvres conservées là, mais de notices biographiques sur le modèle des Pinakes de Callimaque. Celles-ci établissaient un panorama complet de la littérature grecque à partir des ouvrages contenus dans la grande bibliothèque d’Alexandrie. Les notices de Tauromenion donnaient ainsi une courte présentation des auteurs dont une ou plusieurs œuvres étaient vraisemblablement conservées dans la bibliothèque.

Parmi les notices mises au jour, on retrouve :

  • les historiens hellénistiques Callisthène, Fabius Pictor et Philistos de Syracuse. G. Manganaro considérait que la bibliothèque était spécialisée dans l’historiographie et restitue également une notice dédiée à l’historien Timée, originaire de la ville.
  • le philosophe présocratique Anaximandre de Milet.
  • un auteur éléen dont le nom est perdu. Il pourrait s’agir de Paraballon, auteur d’une liste des vainqueurs aux jeux olympiques, ou du philosophe Phaidon.

Liens avec d’autres bibliothèques ou centres de savoirs

Aucune donnée précise.

La forme et le contenu des notices peintes dénotent une influence alexandrine.

Bibliographie

  • Battistoni F., 2006, ‘The ancient pinakes from Tauromenion. Some new readings’, Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 157, p. 169-180 [avec la bibliographie antérieure].
  • Blanck H., 1997, ‘Un nuovo frammento del ‘catalogo’ della biblioteca in Tauromenion’, Parola del Passato 52, p. 241-254.
  • Ferruti F., 2004, ‘L’attività di Ìerone II a favore dei ginnasi’, in C. Caltabiano, L. Campagna, A. Pinzone (ed.), Nuove prospettive della ricerca sulla Sicilia del III sec. a.C. Archeologica, numismatica, storia. Atti dell’Incontro di studio (Messina 4-5 Iuglio 2002), Messina, p. 191-206.
  • Manganaro G., 1974, ‘Una biblioteca storica nel ginnasio di Tauromenion e il P. Oxy 1241’, Parola del Passato 29, p. 389-409.
  • Gulletta M.I., Battistoni F., 2011, ‘Taormina’, in G. Nenci & G. Vallet (ed.), Bibliografia topografica della colonizziazione greca in Italia e nelle isole tirreniche, p. 55-82.

Auteur

Coqueugniot Gaëlle

Notice

Titre : Bibliothèque de Tauromenion
Auteur : Coqueugniot Gaëlle
Sujet : Bibliothèque
Description : Textes historiques, Philosophie
Editeur : Coqueugniot Gaëlle
Date : avril 2018
Type : Bibliothèque / Dans gymnase / Dans école
Format : Texte & images
Source : Inscriptions (dédicaces, catalogues, règlements) / Vestiges architecturaux (vestiges matériels)
Langue : French
Relation : http://nimrod.huma-num.fr/sites/tauromenion/
http://nimrod.huma-num.fr/development-pages/tauromenion-bibliotheque-notices/
Droits : CC by NC - SA
Couverture :

Sicile, Italie

/ IVe s. av.-Ier s. ap. J.-C. / Hellénistique