Atlas - Babylone

Informations essentielles
Localisation

Irak, Province de Babil

Date
Occupation attestée depuis l’époque d’Obeid (6500-3700). Nommée Babil aux périodes d’Akkad (2334-2193) et d’Ur III (2112-2004), Babylone devient capitale politique et religieuse à la période paléo-babylonienne (2004-1595) et conserve son statut jusqu’à la période néo-babylonienne (626-539) où elle devient une capitale impériale. Intégrée aux empires achéménide puis alexandrin, séleucide et parthe, elle est abandonnée au début de notre ère.
Périodes concernées
  • Achéménide
  • Hellénistique
Exploration
Fouillées par des équipes françaises (F. Fresnel, J. Oppert et F. Thomas en 1852), britanniques (H. Rassam : 1879-1882), allemandes (dont R. Koldewey de 1899 à 1917), puis italiennes (G. Bergamini) et irakiennes (entre les années 1950 et 1990) Babylone fut largement pillée entre chaque campagne. Des restaurations ont été entreprises par les autorités irakiennes au cours du siècle dernier.
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Babylone 20
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Babylone 19

Babylone se situe en Irak, dans la province de Babil, à proximité de la ville actuelle d’Hilla, à cheval sur les deux rives de l’Euphrate. L’immense site d’environ 970 ha. et les nombreux textes de toutes périodes confondues ont révélé l’existence d’une ville exceptionnelle, centre religieux majeur et plusieurs fois capitale politique dont la renommée et le mythe, largement relayés par la Bible, marquent les esprits encore aujourd’hui.

Histoire

D’après les artéfacts archéologiques comme des outils de pierre taillée et les niveaux obeidiens (6500-3700), le site de Babylone est occupé depuis des périodes très anciennes.

Bien qu’attestée aux périodes d’Akkad (2334-2193) et d’Ur III (2112-2004), c’est à l’époque paléo-babylonienne (2004-1595) que la modeste ville de Babil prend son essor. Désormais Babylone, elle devient la capitale d’un petit royaume qui se développe jusqu’à englober l’ensemble de la basse Mésopotamie sous Hammu-rabi (1792-1750). Elle possède alors plusieurs sanctuaires dont ceux de Marduk et d’Ištar.

Pillée par le roi hittite Muršili Ier en 1595, Babylone partage ponctuellement son rôle de capitale avec Dur-Kurigalzu au cours du Bronze récent (1600-1100). Au Ier millénaire av. J.-C., elle est tout d’abord le cœur du royaume de Babylone avant de devenir une capitale impériale à la fin du VIIe s. À la chute de l’empire néo-babylonien (626-539), elle devient résidence royale de la cours achéménide en 539, capitale éphémère d’Alexandre le Grand en 323, centre politique et culturel majeur à la période séleucide (305-141) et cité de type grec à partir du règne d’Antiochos III (222-187) ou IV (174-164). Si la ville n’a plus alors qu’un rôle politique local, elle n’en demeure pas moins un centre culturel dynamique. C’est dans son sanctuaire principal, l’Esagil, que fut mis au jour la dernière tablette cunéiforme datée (75 ap. J.-C.).

Contexte culturel

1000-626 av. J-C. :

Au début du ixe s., la dynastie de Babylone est soumise à de fortes pressions venant de diverses régions et l’intervention assyrienne y est régulière. La ville de Babylone possède déjà au moins un palais, un centre protégé par une muraille, de nombreux sanctuaires et une ziggurat qui datent probablement du milieu du IIe millénaire av. J-C. Considérée comme une ville sainte, résidence du dieu Marduk, elle est également une capitale politique même si le sud de la Babylonie reste difficile à contrôler.

Les relations avec l’Assyrie sont délicates. En 891, un traité passé entre le Babylonien Nabu-šum-ukin Ier(899-888) et l’Assyrien Adad-nerari II (911-891) fixe la frontière entre leurs deux pays. Sous le règne du Babylonien Nabu-apla-iddin (888-855), le culte de Šamaš (dieu-Soleil) à Sippar est restaurer ce qui marque provisoirement la fin de l’instabilité politique dans la région. Au cours du règne de Marduk-zakir-šumi Ier (854-819), des conflits internes provoquent encore une fois l’intervention assyrienne. Salmanasar III (858-824) aide à réprimer une révolte en 851 et s’attaque aux puissantes tribus chaldéennes. Les babyloniens aident ensuite le roi assyrien Šamši-Adad V (823-811) à monter sur le trône suite à des révoltes cette fois dans son pays. Cependant, ce dernier élimine deux souverains babyloniens en 813 et 812, permettant alors l’essor des confédérations chaldéennes. Plus tard, l’Assyrien Tiglath-Phalazar III (744-727) conquière le Sud et se proclame roi de Babylone en 729, faisant passer officiellement la ville sous contrôle assyrien.

Bien que les traditions babyloniennes continuent d’être respectées, un esprit de résistance reste présent et les Babyloniens tentent régulièrement de recouvrer leur indépendance provoquant des interventions militaires qui pèsent lourdement sur la ville. Ainsi, le roi Mérodach-baladan  II (721-710) est chassé du trône de Babylone par Sargon II (721-705) en 710 puis par Sennachérib (704-681) en 700.

Ce dernier y installe son fils Aššur-nadin-šumi (699-694) qui est livré aux Élamites par les habitants de Babylone au cours d’une insurrection en 694. En représailles, le roi assyrien ravage la ville, détruit le temple de Bel-Marduk (l’Esagil) et emporte la statue du dieu en Assyrie (689) qui ne sera rendue qu’en 668. Le successeur de Sennachérib, Assarhaddon (680-669), mène une politique d’apaisement et entreprend de nombreux travaux à Babylone dont la restauration de sanctuaires et la remise en culture des terres environnantes. En 652, la lutte fratricide qui oppose les deux frères assyriens Šamaš-šum-ukin (roi de Babylone de 667 à 648) à Aššurbanipal (roi d’Assyrie de 668 à 627), provoque un second siège de la ville qui, une nouvelle fois très endommagée, succombe en 648. Une période d’accalmie est enfin offerte à Babylone sous le règne de Kandalanu (648-627).

626-début du v e s. av. J-C. :

En 621, Nabopolassar (626-605) arrache l’indépendance de la Babylonie à une administration assyrienne en difficulté et inaugure l’empire néo-babylonien (626-539). Il s’associe ensuite aux Mèdes de Cyaxare et participe à la destruction complète de l’empire néo-assyrien entre 614 et 610 avant d’étendre son territoire sur une grande partie de la Syrie-Palestine actuelle. Son fils et successeur, Nabuchodonosor II (604-562) assure l’hégémonie babylonienne.

Sous les règnes de Nabopolassar (626-605) et Nabuchodonosor II (604-562), la ville s’étend sur environ 976 ha. et illustre la puissance de l’empire dont elle est désormais la capitale. Les deux souverains mènent de nombreux travaux et c’est à cette période que Babylone prend l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui.

Munie de deux enceintes concentriques, la ville était constituée de plusieurs quartiers distincts. Au nord se trouvaient le tell Babil et le Palais d’été puis les faubourgs de la ville dans la partie est. Le centre religieux et politique, cerné par l’enceinte intérieure était accessible par des portes monumentales. La voie processionnelle d’Ištar desservait le palais royal, plusieurs temples, le quartier d’Eridu avec le temple de Marduk (l’Esagil) et la Grande ziggurat Etemenanki (la tour de Babel) ainsi que le quartier Šu.an.na avec au moins les sanctuaires d’Išhara et de Ninurta. De nombreux canaux et jardins étaient également présents, en particulier du coté oriental. Un pont, décrit par Hérodote et dont les restes ont été mis au jour, permettait d’accéder à la rive occidentale, qui n’a pas été fouillée.

Après Nabuchodonosor II (604-562), quatre rois connurent une succession rythmée par des conflits internes et des rébellions de palais. Amel-Marduk (562-560), fils de Nabuchodonosor II fut remplacé après deux ans de règne par son beau-frère Neriglissar (560-556). C’est également ce qui arriva à Labaši-Marduk (556), fils de Neriglissar après seulement quelques mois de règne pour être remplacé par Nabonide (556-539), père de Bel-šar-uur (le Balthazar de la Bible), lui-même éliminé par Cyrus le Grand (559-530) lors de la prise de Babylone.

Ces conflits n’empêchent pas la prospérité de Babylone et de la notabilité urbaine qui profite largement du prestige de l’empire et assure le bon fonctionnement des temples, l’exploitation agricole des plaines et la gestion des biens patrimoniaux sur plusieurs générations. Au cours de cette période impériale les administrations sont réorganisées et de nombreuses richesses issues de tout l’empire sont accumulées.

Le dernier roi de la dynastie néo-babylonienne, Nabonide (556-539) réorganise le panthéon babylonien en promouvant le dieu-Lune Sîn à sa tête et attire la colère du clergé traditionnel qui le qualifie de « mauvais roi ». À la fin de son règne, l’empire est fragilisé, ce qui précipite sa chute et facilite la prise de Babylone par le roi Cyrus le Grand (559-530) à la tête de l’armée perse en 539.

Babylone est ensuite considérée comme une des capitales de l’empire achéménide où séjourne régulièrement la cour et est administrée depuis l’extérieur, les responsabilités locales étant confiées à un gouverneur. La Babylonie constitue alors un territoire similaire à celui de l’ancien empire néo-babylonien. Les deux usurpations connus, en 522 par Nabuchodonosor III puis en 521 par Nabuchodonosor IV, sous le règne de Darius Ier (522-486) ne remettent pas en cause le statut de Babylone bien qu’elles eurent des conséquences considérables pour la ville. Après le règne de Darius Ier (522-486), les liens entre la cour achéménide et Babylone semblent s’étioler puisque la titulature royale ne mentionne plus Babylone et la Transeuphratène est retirée du contrôle babylonien qui est désormais restreint à la Babylonie stricto-sensu. Au début du règne de Xerxès Ier (486-465), deux révoltes, respectivement menées par Bel-šimanni et Šamaš-eriba, sont attestées par les textes. Les auteurs classiques dépeignent alors une sévère répression que les sources archéologiques et épigraphiques confirment aujourd’hui.

Les deux siècles de domination achéménide (539-331) sont marqués par des arrivées massives de populations issues de toutes les régions de l’empire et attirées par les richesses agricoles de Babylonie. Ce phénomène a pour conséquences le développement des espaces ruraux, l’intensification de l’usage de l’araméen dans les écrits administratifs et la concentration progressive de la culture cunéiforme dans les cercles traditionnels des lettrés et du personnel religieux.

Babylone tardive :

Du milieu du v e s. au milieu du ive s., la Babylonie reste à l’écart des opérations militaires. Seuls quelques évènements ponctuelles semblent l’avoir concernée directement, lors de l’avènement de Darius II (423-405) en 423 ou encore lors de la bataille de Cunaxa en 401, opposant Artaxerxés II (404-359) à Cyrus le Jeune (424-401).

Babylone n’intervient réellement sur la scène politique qu’en 331 en accueillant le macédonien Alexandre le Grand (330-323) après la bataille de Gaugamèles. Ce dernier meurt d’ailleurs à Babylone en 323 faisant de la Babylonie le théâtre des luttes des Diadoques, les successeurs d’Alexandre entre 323 et 311, avant que Séleucos Ier (305-281), premier roi de la dynastie séleucide, ne prenne le contrôle de la région à l’issu des guerres babyloniennes.

Babylone conserve un statut politique privilégié au moins jusqu’à la création de Séleucie-du-Tigre (à environ 60 km au nord-est) qui devient la nouvelle capitale orientale de l’empire vers 305. Babylone reste une ville importante et son urbanisme évolue au fil du temps. Artaxerxès II (404-465) fait construire un bâtiment dans l’enceinte du complexe palatial et de grands travaux d’assainissement des berges continuent à être mis en œuvre. Entre le règne d’Alexandre le Grand (330-323) et celui d’Antiochos Ier (280-261), des travaux appelés « déblaiement de l’Esagil » mais qui concerne en réalité les restes de la ziggurat en ruine, visent à protéger le cœur de la ville de la remonté de la nappe phréatique en créant un monticule contre lequel s’appuiera le théâtre édifié vers 170, lorsque Babylone devient une cité grecque. Vers 246, lors de la Troisième guerre de Syrie, un bras de l’Euphrate devait passer au sud du complexe palatial, isolant de fait cet espace et bloquant les armées de Ptolémée III (246-222) qui tentent de s’emparer de la ville. Il reste difficile de déterminer si les changements du cours de l’Euphrate sont volontaires ou si l’urbanisme de Babylone évoluait en s’adaptant au fleuve.

À partir de 141, la Babylonie est disputée puis contrôlée par les Parthes. Ces conflits ont de lourdes conséquences sur la région. Auie s. ap. J-C., alors que certains territoires de l’empire jouissent d’une grande autonomie, à l’image de l’Adiabène (l’ancienne Assyrie), Babylone et la civilisation babylonienne déclinent. La dernière tablette cunéiforme datée est de 75 ap. J-C. et les dernières furent probablement écrites au iies.

Bibliographie

  • Bergamini G., 2011, « Babylon in the Achaemenid and Hellenistic Period: The changing Landscape of a Myth », Mesopotamia 46, p. 23-34.
  • Clancier Ph., 2009, Les bibliothèques en Babylonie dans la deuxième moitié du Ier millénaire av. J.-C., Alter Orient und Altes Testament,363, Ugarit-Verlag, Münster.
  • Joannès F. et Sauvage M., 2001, « Babylone (ville) », in Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne, Joannès (dir.), Bouquins, Robert Laffont, Paris, p. 111-115.
  • Koldewey R. (ed.), 1990, Das Wieder erstehende Babylon, C. H. Beck, München.
  • Pedersèn O., 1998, Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500-300 B.C., CDL Press, Bethesda, Maryland.

http://archeologie.culture.fr/proche-orient/fr/a-propos/babylone

http://nimrod.huma-num.fr/sites/babylone-xe-ive-av/

Auteur

Verdellet, Cécile

Notice

Titre : Babylone
Auteur : Verdellet, Cécile
Sujet : Site
Editeur : Verdellet Cécile
Date : 2019
Format : Texte et Images
Langue : French
Couverture : Irak, Province de Babil / IVe s. av.-Ier s. ap. J.-C. / Achéménide, Hellénistique
Droits : CC by NC - SA