Atlas - Ninive
Informations essentielles
LocalisationIrak / province de Ninive |
DateOccupation quasiment continue depuis au moins le IVe millénaire av. J.-C. Au début du IIIe millénaire, Ninive fait partie de l’aire culturelle du nord de la Mésopotamie caractérisée par son matériel céramique (Ninive V). Occupée à la période akkadienne (2334-2193), mentionnée dans le Code d’Hammurabi (ca. 1750 av. J.-C.), Ninive est la capitale impériale assyrienne entre 704 et 612, date à laquelle elle est détruite par les Mèdes. Ville commerciale importante aux périodes hellénistique et parthe, elle est une nouvelle fois détruite à la période sassanide et reste modeste jusqu’au début de la période islamique où elle est abandonnée. |
Périodes concernées
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ExplorationVisité par Cl. J. Rich en 1820, le tell Kuyunjik, puis son environnement immédiat, fut fouillé dès 1842 par des équipes françaises (P.E. Botta et V. Place, 1842-1845), britanniques (A.H. Layard, H.C. Rawlinson, H. Rassam, R.C. Thompson ou encore M. Malowan, 1845-1932), irakiennes (M.A. Mustafa, T. Madhloom, M. Jabur, A. as-Sattar, 1951-1987) et américaines (D. Stronach, 1987-1990). |
Découvrir la fiche bibliothèqueBibliothèque d’Aššurbanipal |
Mentionnée dans la bible, la dernière capitale impériale assyrienne, s’étend sur 775 ha sur la rive orientale du Tigre, face à la ville actuelle de Mossoul. Durant son apogée, au vii e s av. J.-C., sous les règnes de Sennachérib (704-681), Assarhaddon (680-669) et Aššurbanipal (668-627), Ninive fut remaniée et dotée de bâtiments monumentaux à la hauteur de la puissance de l’empire. Son acropole, l’actuel tell Kuyunjik, possédait alors deux palais gigantesques et au moins deux temples dédiés à Ištar et Nabû. Environ 30 000 tablettes furent retrouvées sur le site ; une partie de ces textes constituent la bibliothèque d’Aššurbanipal.
Histoire
Si des sondages stratigraphiques laissent à penser que le tell Kuyunjik ait été occupé depuis des périodes très anciennes telles que les périodes Hassuna (VIIe millénaire) et urukéenne (IVe millénaire), les vestiges mis au jour témoignent de l’état de la ville à la période néo-assyrienne (911-612) et en particulier au viie s. lorsque Ninive devient la capitale de l’empire assyrien. Lorsque Sennachérib (704-681) abandonne Dūr-Šarrukin, capitale assyrienne sous le règne de Sargon II (721-705) au profit de Ninive, celle-ci bénéficiait déjà de temples renommés comme celui d’Ištar dont la construction est attribuée à Maništušu (2269-2255). Le souverain assyrien marqua cependant la transition par une restructuration profonde de la ville et de nombreuses constructions. Il fit bâtir un immense palais ainsi que d’autres larges bâtiments et dota la ville d’une impressionnante enceinte et d’un grand nombre de jardins et de parcs. La grandeur et le faste de Ninive, reflet du puissant empire assyrien, est également le soucis de ses successeurs Assarhaddon (680-669) puis Aššurbanipal (668-627) qui, en plus de continuer les grands travaux, accumulent un grand nombre de textes constituant ainsi une immense bibliothèque (bibliothèque dite d’Aššurbanipal). Ninive est détruite par les Mèdes en 612 lors de l’effondrement de l’empire néo-assyrien. Elle reprend une forte activité commerciale aux périodes hellénistique et parthe avant d’être attaquée à nouveau en 363 ap. J.-C. par les Sassanides. Une occupation modeste est alors attestée le site jusqu’au début de la période islamique et le développement de la ville de Mossoul.
Contexte culturel
À la mort de Sargon II (721-705) sur le champ de bataille, son fils et successeur Sennachérib (704-681) change de capitale et installe le pouvoir impérial à Ninive, sur la rive orientale du Tigre, en face de l’actuelle Mossoul, entre les anciennes capitales de Kalhu au sud et Dūr-Šarrukin au nord.
Si la ville est attestée depuis longtemps, Sennachérib la transforme en menant de nombreux grands travaux. Son palais qu’il nomme en sumérien é-gal-zag-di-nu-tuk-a(le palais sans rival) s’étend sur 10 ha et possède plus de deux cent pièces richement ornées de panneaux sculptés, des statues colossales de lions, de génies et de taureaux androcéphales. Il est construit au sommet de l’éminence principale (Tell Kuyunjik), haute de plus de trente mètres et surplombe une ville dense d’environ 750 ha à l’intérieur d’un double rempart de 12 km de long, rythmé de dix-huit portes monumentales et entouré d’un fossé. Sur l’acropole sont également présents des temples dont un à Ištar, construit depuis la période akkadienne (2334-2100 av. J.-C.)et un à Nabû, dieu des scribes et des écrits. Sur la seconde éminence (Tell Nebi Yunus) située à cheval sur le rempart, au sud du tell Kuyunjik, Sennachérib fait construire un arsenal (Ekal mašarti) richement décoré de briques glaçurées, de bas-reliefs et de taureaux androcéphales. Cet édifice sera considérablement agrandi et enrichi par son successeur Assarhaddon (680-669). C’est dans ce bâtiment que sont conservés les tributs issus des différents territoires de l’empire qui s’étend progressivement pour couvrir l’ensemble du Proche-Orient et l’Égypte à son apogée, sous le règne d’Aššurbanipal (668-627).
Des quartiers résidentiels des élites s’organisent autour de l’acropole et du cours d’eau qui traverse Ninive d’est en ouest ; des quartiers artisanaux furent mis au jour à l’extrémité nord-ouest de la ville. L’importante quantité de parcs et de jardins dans et autour de la ville pourrait être à l’origine de la légende des jardins suspendus de Babylone en considérant que les auteurs classiques aient pu confondre Babylone et Ninive.
Ninive est alors une capitale somptueuse, reflet du puissant empire. Aššurbanipal fait édifier le palais-nord (bît rêdûti) sur l’acropole et le dote de bas-reliefs représentant des scènes de la geste royale dont la scène très connue de chasse aux lions aujourd’hui conservée au British Museum. Parmi les 30 000 tablettes découvertes à Ninive, certaines composent la bibliothèque d’Aššurbanipal dont le contenu fut accumulés sur plusieurs générations.
L’empire assyrien, en difficulté après la mort d’Aššurbanipal (627) et devant faire face à la rébellion de la Babylonie de Nabopolassar (626-605), perd progressivement le contrôle de son territoire à partir de 626. Les raids militaires menés par les Mèdes sur les grandes villes de l’empire viennent à bout de l’autorité assyrienne et Ninive, pillée et détruite, succombe à l’été 612, au cours d’un assaut militaire durant lequel le roi assyrien Sîn-šar-iškun (626-612) périt probablement.
Bibliographie
- Lafont B., Tenu A., Joannès F. & Clancier Ph, 2017, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban 3300-120 av. J.-C., Belin, Paris, p. 696-729.
- Lion B., Battini L. et Villard P., 2001, « Ninive », in Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne, Joannès (dir.), Bouquins, Robert Laffont, Paris, p. 574-577.
- Pedersèn O., 1998, Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500-300 B.C., CDL Press, Bethesda, Maryland, p. 91-94.
- Petit, L.P., Morandi Bonacossi D. (éds), 2017, Nineveh, the great city: symbol of beauty and power, Sidestone Press.
- Reade J., 2000, “Ninive (Nineveh)”, Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie 9 (5-6), Berlin/New-York, Walter de Gruyter, p. 388-433.
http://archeologie.culture.fr/proche-orient/fr/a-propos/ninive
https://www.youtube.com/watch?v=AEiaDiVIUJM
Auteur
Verdellet, CécileNotice
http://nimrod.huma-num.fr/establishements/bibliotheque-ninive-1-ninive/
http://nimrod.huma-num.fr/establishements/bibliotheque-ninive-5-ninive/