Atlas - Sippar
Informations essentielles
LocalisationIrak, province de Babil |
DateProbablement fondée à la période d’Uruk (IVe millénaire) d’après les prospections, Sippar devint une ville importante au IIIe millénaire av J.-C. et florissante aux IIe et Ie millénaires. Une occupation y est attestée jusqu’aux périodes parthe et hellénistique. |
Périodes concernées
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ExplorationLargement pillée au cours du XIXe siècle, Sippar fut décrite en 1862 par W. Selby et W.B. Bewsher puis fouillée à partir de 1881 par le British Museum sous la direction d’H. Rassam. Des équipes française puis iraquienne continuèrent les recherches en se concentrant essentiellement sur les éminences. En 1972-1973, les travaux menés par la Belgian Archaeological Expedition in Iraq sur le site voisin de Tell ed-Der, ancienne Sippar-Amnānum, révélèrent une relation étroite entre les deux villes. |
Découvrir la fiche bibliothèqueBibliothèque de l’Ebabbar |
La ville de Sippar, moderne Abu Habbah, également nommée Sippar-Yaḫrurum - pour la différencier de Sippar-Amnānum, (moderne Tel ed-Der) - était une ville consacrée au dieu Šamaš (dieu-Soleil). Son temple, l’Ebabbar, a fourni un grand nombre de tablettes aujourd’hui majoritairement conservées au British Museum et au Metropolitan Museum of Art (New-York). Ville d’importance dès le IIIemillénaire av. J.-C., Sippar est mentionnée dans la Liste Royale Sumérienne comme une des villes choisies pour gouverner la basse-Mésopotamie avant le Déluge.
Histoire
La ville de Sippar est située sur le site d’Abu Habbah, au sud-ouest de Bagdad, sur les bords de l’Euphrate. Ses 100 ha de surface et sa position stratégique entre le Tigre et l’Euphrate, dans la plaine alluviale mésopotamienne, en fait une ville importante dès le IIIemillénaire av. J.-C.
Munie d’une enceinte rectangulaire de 1200 m par 800 m renforcée d’une levée sans doute depuis le IIIemillénaire, elle s’organisait autour de deux éminences. Le tell nord-est était occupé par des résidences tandis qu’au sud-ouest, se trouvait le quartier religieux qui regroupait une ziggurat et plusieurs temples. Le temple de Šamaš, également appelé Ebabbar « Demeure blanche/brillante » en sumérien, constituait le cœur de la ville. Le complexe qui comprenait le temple de Šamaš lui-même, celui de sa parèdre Aya, celui de son vizir Bunene et la ziggurat é-kun-an-ku-ga(Demeure seuil du Ciel Pur), était entouré d’une enceinte mesurant 320 m par 240 m. Il fut probablement édifié dans le dernier tiers du IIIemillénaire et fut régulièrement restauré ou agrandi jusqu’à son état de découverte qui date de la période néo-babylonienne (626-539 av. J.-C.). Les études menées sur les nombreuses tablettes permirent de mettre en évidence les archives d’un cloître (gagûm) de prêtresses de Šamaš (nāditum) de la période paléo-babylonienne (2004-1595 av. J.-C.) ainsi que les archives néo-babyloniennes (626-539 av. J.-C.) du temple de Šamaš parmi lesquelles une bibliothèque fut identifiée (pièce 355).
Contexte culturel
Si les prospections archéologiques, menées en 1972 par R. McC. Adams, permettent d’envisager une création de la ville dès la période d’Uruk (IVemillénaire av. J.-C.), aucun niveau archéologique aussi ancien n’a été mis au jour. Les textes indiquent que la ville a réellement pris de l’importance au IIIemillénaire av. J.-C., en mentionnant son nom sumérien ud-kib-nunki, aux périodes des Dynasties Archaïques (2900-2330 av. J.-C.) et akkadienne (2330-2193 av. J.-C.)
Après la chute de la Troisième Dynastie d’Ur (2112-2004 av. J.-C.), Sippar connut probablement une courte période d’indépendance avant de passer sous l’autorité babylonienne dès le règne de Sumu-la-El (1881-1845 av. J.-C.). C’est à partir de cette période que Sippar-Amnānum semble se développer sur un site voisin (Tell ed-Der), où Hammu-rabi de Babylone (1792-1750 av. J.-C.) fit construire un palais. Le Code d’Hammurabi, aujourdhui au Louvre, était probablement conservé dans l’Ebabbar.
À la chute de la dynastie kassite (ca. 1590/70-1155 av. J.-C.), Sippar fut largement affectée par les rivalités entre la Babylonie et l’Élam puis avec l’Assyrie, qui troublèrent la région. Plus tard, le roi babylonien Nabu-apla-iddin (888-885 av. J.-C.), fit restaurer l’Ebabbar et le culte divin après une longue période d’interruption, due aux raids militaires araméens.
Sous l’empire néo-babylonien (626-539 av. J.-C.) et au début de la période achéménide (539-480 av. J.-C.), alors que Sippar-Amnānum semble perdre de son importance, les nombreuses archives issus de l’Ebabbar qui documentent notamment la vie économique de la ville, témoignent de la prospérité de Sippar-Yaḫrurum. Dans ces tablettes, sont mentionnés, entres autres, de larges propriétés terriennes attribuées à de hauts responsables du temple et des ateliers employant un grand nombre de personnes.
Bien que n’ayant jamais eu le statut de capitale d’empire, Sippar, et en particulier son quartier religieux, fut souvent le souci des rois babyloniens. En témoignent l’intervention de Hammu-rabi de Babylone (1792-1750 av. J.-C.), en l’an 43 de son règne lorsqu’il fit édifier des remparts de terre visant à protéger la ville des eaux de l’Euphrate, la « Tablette de Šamaš » où il est question de la restauration du culte et d’une nouvelle statue du dieu offert à l’Ebabbar par le roi babylonien Nabu-apla-iddin (888-885 av. J.-C.) ou encore les interventions des rois néo-babyloniens Nabopolassar (626-605 av. J.-C.), Nabuchodonosor II (604-562 av. J.-C.) et Nabonide (556-539 av. J.-C.). Le temple semble avoir cessé son activité au début du vesiècle av. J.-C., sous le règne de Xerxès (485-465 av. J.-C.).
Bibliographie
- Charpin D., 1988, “Sippar: Deux villes jumelles », Revue d’Assyriologie Orientale 82, 13-32.
- Charpin D., 1992, « Le point sur les deux Sippar », Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires (NABU), 84-85.
- Gasche H., Janssen C., 1997, « Sippar », in Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East, 5, E.M. Meyers (dir.), Oxford et New York, Oxford University Press, p. 47-49.
- Lafont B., Tenu A., Joannès F. & Clancier Ph, 2017, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban 3300-120 av. J.-C., Belin, Paris.
- Pedersèn O., 1998, Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500-300 B.C., CDL Press, Bethesda, Maryland, p. 193-197.