Atlas - Tauromenion

Tauromenion (moderne Taormina) occupait un site stratégique sur la côte orientale de Sicile, entre le détroit de Messine et Syracuse. Fondée au début du IV^e s av. J.-C., au nord de la baie de Naxos, c’était la patrie de l’historien hellénistique Timée.

Histoire

La ville occupait une série de terrasses naturelles dominant le golfe de Naxos, 150 à 250 m au-dessus du niveau de la mer. La position, stratégique, était l’enjeu de disputes entre les tyrans de Syracuse et les Carthaginois ; la cité grecque de Naxos, à quelques kilomètres, fut détruite en 403 av. J.-C. Les Sicules, une population locale, s’installèrent peu après de l'autre côté du golfe, sur les pentes du mont Tauros. Au milieu du IV^e s. av. J.-C., les descendants des Naxiens, de retour d’exil, leur succédèrent. La nouvelle agglomération acquit alors le statut de cité, sous la domination du tyran Andromachos.

Alternativement sous le contrôle des Syracusains et des Carthaginois, Tauromenion se développa rapidement tout au long du III^e s., en particulier sous la domination de Hiéron II de Syracuse. À la mort de ce dernier en 215 av. J.-C., la ville s’allia aux Romains lors de la seconde guerre punique et reçut le statut de cité alliée autonome au sein de la nouvelle province de Sicile. Endommagée lors de la première révolte servile (140-132 av. J.-C.), elle connut un renouveau édilitaire dans le dernier quart du II^e s.

Tauromenion devint un municipe de droit latin dans la seconde partie du I^er siècle av. J.-C, puis Auguste la transforma en une colonie de vétérans romains. Elle continua à prospérer sous ce statut à l’époque impériale.

Contexte culturel

Malgré ses origines indigènes, Tauromenion fut fortement marquée par l’influence des Naxiens puis celle des Syracusains. Elle bénéficiait de toutes les institutions typiques d’une cité grecque, et le théâtre ainsi qu’un gymnase y sont attestés dès le milieu du III^e s. av. J.-C.

Une des personnalités les plus illustres de la ville était le fils du tyran Andromachos, l’historien Timée (ca. 350-260 av. J.-C.). Chassé de Sicile par le tyran Agathoclès de Syracuse, il passa la majorité de sa vie en exil à Athènes. Son œuvre, consacrée à l’histoire de la Sicile, s’appuyait largement sur des documents et chroniques antérieurs (Polybe, Histoire XII, passim).

Alliée des Syracusains puis des Romains, Tauromenion était une cité hellénistique prospère. Les échanges culturels entre la Sicile orientale et l’Orient, en particulier avec la cour lagide d’Alexandrie, étaient étroits, en particulier sous le règne de Hiéron II de Syracuse au milieu du III^e s. av. J.-C.

Les édifices les plus anciens identifiés sur le terrain remontent au III^e s. av. J.-C. Ils sont étagés sur des terrasses successives, prenant appui sur la topographie naturelle du site. Cet urbanisme monumental et scénarisé a été rapproché des grandes réalisations royales d’Asie Mineure. L. Campagna propose ainsi d’y voir la marque des souverains de Syracuse.

Bibliographie

• Bell M., 1976, ‘Tauromenion’, in Stillwell, W.L. MacDonald, McAlister M.H. (ed.), The Princeton encyclopedia of classical sites, Princeton [online]
• Campagna L. 2009, ‘Urbanistica dei centri siciliani d’altura in età ellenistica : il caso di Tauromenion’, in Congiu, C. Miccichè, S. Modeo (ed.), Εις Ακρα. Insediamenti d’altura in Sicilia dalla Preistoria al III sec. a. C. Atti del V Convegno di Studi, Rome, p. 205-226.
• Campagna L., 2012, ‘Taormina’, in D’Andria, P.G. Guzzo, G. Tagliamonte (ed.), Magna Grecia. Città greche di Magna Grecia e Sicilia, Rome, p. 169-172.
• Gulletta M.I., Battistoni F., 2011, ‘Taormina’, in Nenci & G. Vallet (ed.), Bibliografia topografica della colonizziazione greca in Italia e nelle isole tirreniche, p. 55-82.

Auteur

Coqueugniot Gaëlle