Atlas - Uruk
Informations essentielles
LocalisationIrak, province d’Al-Muthanna |
DateLe sondage profond de l’Eanna, situé au centre du site, témoigne d’une occupation continue depuis la période d’Obeid (ca. 4200 av. J.-C.) jusqu’à l’époque Parthe (Ie s. av. – IIe s. ap. J.-C.) et le début de la période sassanide (IIIe-VIIe s. ap. J.-C.). Les mouvements de l’Euphrate forcèrent l’occupation sassanide à s’installer sur un autre site, à proximité. La ville se développe principalement au IV millénaire av. J.-C. (période d’Uruk) puis à l’époque séleucide (III e s. – IIe s. av. J.-C.). Uruk, moderne Warka est le lieu de la plus ancienne attestation de l’écriture en Mésopotamie avec des textes datés de ca. 3200 av. J.-C. |
Périodes concernées
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ExplorationReconnu dès 1849 par W.K. Loftus puis visité en 1902 par W. Andrae, Uruk fut fouillé de 1912 à 1989 par la Deutsche Orient Gesellschaft avec plusieurs interruptions. Une importante prospection fut également menée entre 1982 et 1984 par U. Finkbeiner. |
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La ville de Uruk, moderne Warka se situe à 270 km au sud de Bagdad, à une trentaine de kilomètres à l’est du cours actuel de l’Euphrate. La ville, issue de la fusion de plusieurs villages, couvre une surface d’environ 550 à 600 ha dès le IVe millénaire. Elle est dotée de centres religieux importants dédiés à Ištar (Eanna puis Irigal) et à Anu (Bīt Rēš à partir de la période achéménide) qui sont régulièrement restaurés et confèrent à la ville un statut culturel et religieux majeur. À partir de l’époque parthe, la ville décline lentement jusqu’à son abandon au iv siècle ap. J.-C., dû à l’éloignement progressif du fleuve.
Histoire
La ville d’Uruk, moderne Warka se développe au IVe millénaire av. J.-C. pour atteindre une superficie d’approximativement 550 ha. Dotée d’une enceinte circulaire d’un diamètre de 2,5 km attribuée à Gilgameš, elle héberge un centre religieux majeur dédié à Inanna/Ištar, déesse poliade puis également à Anu et sa parèdre Antu.
Si l’influence politique de la ville varie dans le temps, Uruk conserve un statut religieux et économique majeur jusqu’à la période parthe. L’Eanna d’Ištar est le sanctuaire principal et rassemble les activités cultuelles et économiques jusqu’au début du ve s. moment où le Bīt Rēš, temple d’Anu et Antu, situé à l’ouest de l’Eanna, prend le relai.
Un canal, utilisé depuis le déplacement du bras de l’Euphrate vers l’ouest sans doute au début du IIIe millénaire av. J.-C. (nār šarri = Canal du Roi), aboutit au pied de la colline de l’Eanna et est bordé par des quais de déchargement, témoins de l’activité économique importante de la ville. La construction du Bīt akītu atteste du rôle religieux d’Uruk et la mention de Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.) qualifiant Uruk de siège de l’une des plus importantes « écoles astronomiques » du pays montre son influence culturelle et savante. Le déclin progressif de la culture suméro-akkadienne à la période parthe mais surtout le déplacement du fleuve provoque l’abandon des bâtiments séleucides et de la ville elle-même malgré la construction du temple de Gareus par des marchands de Mosul.
Contexte culturel
Issue de la fusion de plusieurs bourgades, la ville d’Uruk se développe de manière exponentielle au IVe millénaire av. J.-C. À la période des Dynastiques Archaïques (2900-2334) la ville, qui borde un bras de l’Euphrate, est en contact direct avec les villes de Nippur et d’Ur et possède un urbanisme dense. À la période suivante (Akkad : 2334-1193) Uruk perd en densité de population et voit son influence religieuse diminuer. Sous la Troisième Dynastie d’Ur, si le pouvoir politique est transféré à Ur, Uruk reste le point de référence dynastique des souverains et Ur-Nammu (2112-2095) fait édifier une ziggurat à Inanna/Ištar sur l’Eanna. Au début du IIe millénaire av. J.-C., des gouverneurs assurent l’autorité à Uruk et vers 1860, Sîn-kāšid, fondateur d’une nouvelle dynastie alliée à Babylone, fait construire un palais dans la partie ouest du site et restaure un certain nombre de sanctuaires. Uruk, intégrée au royaume de Babylone par Hammu-rabi (1792-1750), se rebelle sous le règne du roi babylonien Samsu-iluna (1749-1712) et subit une destruction de ses remparts. La population diminue et un certain nombre de personnes se déplacent vers la Babylonie centrale et la ville de Kish entre autre, donnant l’impression d’un relatif abandon. Au cours de la dynastie kassite, le roi Kara-indaš (ca. 1420) fait construire un temple à Inanna dans l’enceinte de la ziggurat et Kurigalzu Ier (1391-1375) entreprend des travaux dans l’Eanna ; il est également possible qu’il ait donné des terres au temple.
Aux périodes néo-assyrienne (911-612) et néo-babylonienne (612-539), des constructions et restaurations intensives ont lieu. Le roi babylonien Mérodach-baladan II (721-710) fait construire un temple à Ningišzida sur la ziggurat et les rois assyriens Sargon II (721-705) et Assarhaddon (680-669)rénovent et embellissent l’Eanna. Au cours de la période achéménide, le centre de gravité socio-économique se déplace vers le sanctuaire d’Anu, le Bīt Rēš, et les textes d’époque séleucide documentent surtout son fonctionnement. D’après les contrats de vente immobiliers, l’urbanisme de la ville est dense, organisé le long de grands axes de communication desquels partaient des ruelles desservant des blocs de maisons imbriquées les unes dans les autres où vivaient les desservants des temples. Des maisons situées dans la partie est de la ville (U18) étaient habitées par des familles d’exorcistes. À la période séleucide, Uruk redevient une très grande ville. La terrasse de l’Eanna est reconstruite et élargie vers l’ouest et deux édifices majeurs sont rénovés à plusieurs reprises : le Bīt Rēš, temple dédié à Anu et sa parèdre Antu et l’Irigal (ou Ešgal) dédié à Ištar, sous l’autorité d’Anu-uballiṭNikarchos puis Anu-uballiṭKephalôn. Vers la même période, un temple appelé Bīt akītu(« Maison de l'akītu ») est construit au nord-est, à l'extérieur de l’enceinte, et servait pour la fête du Nouvel An.
Entre le iiie et le ie siècle av J.-C., Uruk prend le nom grecque d’Orchoï et vit une période faste, avec un rôle proche de celui de capitale du sud babylonien. À la période parthe, la ville se réduit en superficie mais garde son statut. Sans doute intégrée au royaume de Characène, vassal des Parthes, Uruk a pu occuper une position particulière avec une dynastie locale. Au cours de la période sassanide, les habitants d’Uruk se déplacent hors de l’enceinte possiblement contraint par un mouvement du bras de l’Euphrate. La ville al-Warka défendue contre les assauts arabes en 634 ap. J.-C. ne correspond alors plus à Uruk mais à un tell situé approximativement à 4 km vers l’est.
Bibliographie
- Boehmer R.M., 1997, « Uruk-Warka », in Oxford Encyclopaedia of Archaeology in the Ancient Near East, 5, E.M. Meyers (dir.), Oxford et New York, Oxford University Press, p. 294-298
- Crüsemann N., VanEss M., Salje, HilgertM.(dir.), 2013,Uruk : 5000 Jahre Megacity, Petersberg, Imhof.
- Joannès F. et Sauvage M., 2001, « Uruk (ville) », in Dictionnaire de la Civilisation Mésopotamienne, Joannès (dir.), Bouquins, Robert Laffont, Paris, p. 893-896.
- Lafont B., Tenu A., Joannès F. & Clancier Ph, 2017, La Mésopotamie. De Gilgamesh à Artaban 3300-120 av. J.-C., Belin, Paris.
- Pedersèn O., 1998, Archives and Libraries in the Ancient Near East 1500-300 B.C., CDL Press, Bethesda, Maryland, p. 204-213.
Auteur
Cécile VerdelletNotice
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